Le Multivers

Le Multivers

SJ 2: Brûlures (2)

Street Justice #2

Auteur : Kaully

Brûlures (partie 2) : Monstruosité




Hôpital Cedar-Sinaï, Los Angeles, 03h07


Les moniteurs dans la pièce jouaient leur musique classique dans les ténèbres. Allison Rosdale se trouvait sur le lit, à l’étage des grands brûlés. Aucun son autre que ceux des moniteurs n’étaient audible dans la pièce. Sur le petit divan au côté du lit, un homme dormait tant bien que mal dans une position étrange. C’était son tour de veiller sur Allison. Il bougea dans son sommeil agité et la douleur qu’il ressentait dans le cou le réveilla une nouvelle fois avec un grognement. Profitant de son réveil, il jeta un rapide coup d’œil sur les moniteurs. Rien de nouveau. Deux semaines dans le coma et toujours aucun signe que sa grande sœur récupérait. Nic Rosdale se leva et prit la direction de la petite toilette de service. Il connaissait maintenant le chemin par cœur pour avoir veiller sur sa sœur une journée sur deux. Sa mère venant le relayer de temps à autre. Toujours dans les brumes du sommeil, Nic se heurta le pied au coin de la table de service de la chambre et poussa un juron. Par reflexe, il prit son pied dans sa main et sauta ainsi sur un pied pendant quelque instant en jurant abondamment.

Alors qu’il était maintenant bien réveillé, il allait fermer la porte pour faire ses besoins lorsqu’un son attira son attention. Il s’immobilisa et tendit l’oreille, incertain. Puis le son, une sorte de grognement sourd à peine audible, se fit entendre de nouveau. Le cœur du jeune homme de trente ans ne fit qu’un bond dans sa poitrine. Les moniteurs confirmèrent rapidement ce qu’il avait déjà compris. Il courra jusqu’au chevet de sa sœur.
-All…All, c’est Nic, je suis là. Je suis là.

Allison tenta d’ouvrir les yeux, mais quelque chose l’en empêchait, un obstacle. Elle tenta d’enlever l’obstacle de ses mains, mais eux aussi refusèrent d’obéir. Une voix familière lui parvenait. Son frère. Elle tenta de tourner la tête vers lui et de parler, de lui demander ce qui se passait, mais elle demeura inerte et seul un grognement sourd sembla quitter sa bouche. La panique commençait à s’installer.
-Ne bouge pas All, je vais chercher un doc, lui dit son frère à l’oreille.

Un docteur? Allison se trouvait donc dans un hôpital. Elle fût alors submergée par le souvenir de l’incident au labo et de l’explosion, des trois brigands fuyant et de Michael faisant bouclier de son corps. Seul dans les ténèbres de sa chambre, elle aurait pleuré, mais aucune larme ne vint couler sur sa joue.

Elle entendit des pas de courses venir en sa direction, probablement son frère. Mais il n’était pas seul, d’autres pas étaient également audible. Un « clic » pas trop loin d’elle ne se fit entendre. Elle déduisit que c’était l’interrupteur de la chambre, pourtant, elle demeurait dans la noirceur. Une nouvelle crise de panique. Était-elle aveugle?

-Madame Rosdale, veuillez demeurer calme s’il vous plaît, dit alors une voix qui lui était inconnue. Je suis le docteur Williamson, vous êtes au Cedar-Sinaï et vous avez subit de graves lésions corporelles, c’est la raison pourquoi vous ne pouvez bouger. Je vais retirer tranquillement le bandage qui vous couvre le visage, si vous avez mal à un quelconque moment, n’hésitez pas sonner.

Allison sentit qu’on lui mettait quelque chose dans la main. Elle serra celle-ci fortement, trop contente de sentir ses doigts bouger. Le docteur se mit alors au travail, elle entendait ses mouvements de va et viens autour de sa tête, mais elle ne sentait absolument rien, aucun contact. Après quelque instant de patience, une lumière tamisée lui fit fermer rapidement les yeux. Elle les ouvrit de nouveau et les détails de la pièce commença à se matérialisé, tout d’abord embrouillé, puis plus clairement. Elle pouvait maintenant bouger la tête.
-Comment vous sentez-vous ? demanda le médecin.
Nouveau grognement de sa part. Pourtant, il lui semblait bien qu’elle avait répondu « bien ». Elle retenta l’exercice, nouveau grognement. Elle tourna la tête vers le docteur en blouse blanche qui était maintenant dos à elle. Il semblait chercher quelque chose sur le petit comptoir à proximité. Elle poussa un long grognement.
-Du calme Madame Rosdale. Je vais examiner vos cordes vocales dans un instant.
Paniqué, Allison se tourna vers son frère qui était blanc comme un drap. Il hésita un instant et prit finalement la main de la jeune femme dans la sienne en signe de réconfort.
-Tournez la tête vers moi et ouvrez grand la bouche.
Allison s’exécuta en silence. À l’aide d’outils étrange et différent, le docteur Williamson examina la jeune policière durant quelques minutes avant de déposer ses outils.
-Bien, vos cordes vocales ont subit des dégâts, mais vous devriez être capable de parler, il suffit seulement de les stimulés un peu. Je vais devoir faire quelque examen suite à vos brûlures, mais ça va devoir attendre à demain matin car je vais avoir besoin d’aide. On se revoit donc dans quelques heures, tentez de vous reposé.
Le docteur adressa un sourire chaleureux à Allison et fit un signe de tête à Nic avant de quitter la pièce. Allison tourna une nouvelle fois la tête vers son frère, elle avait tellement de question à lui poser, mais elle n’avait aucun moyen de le faire.

* *
*



Elle était un monstre. Le médecin avait tenu parole, il était revenu. Il avait fait ses testes. Elle était un monstre. Il lui avait expliqué que son corps était brûlé au troisième degré sur la totalité de celui-ci. Elle était défigurée, sans aucun espoir de redevenir ce qu’elle était avant. Elle était un monstre. Elle ne pouvait plus pleurer, elle n’avait plus de paupière. Ses lèvres étaient inexistantes. Elle parlait avec une voix qui ressemblait à un grognement. Elle était un monstre. Son frère pleurait en silence. Sa mère tentait de les réconforté tous les deux en retenant tant bien que mal ses larmes. Elle était un monstre.

Williamson avait osé mettre un miroir devant elle, lui montrant le monstre qu’elle était devenue. Elle avait explosé dans une rage noir, saisit le miroir et l’avait balancé contre le mur. Elle criait sa haine, son désespoir, sa monstruosité. Il y avait pire. Il y a toujours pire. Michael, son partenaire, était mort. Il était mort dans d’atroces souffrances, tandis qu’elle, elle vivait toujours. Vivre alors qu’elle désirait maintenant mourir.

Williamson revint faire d’autre testes. D’autres examens. Elle croyait la perte de son ami et collègue le pire qui était arrivé, elle se trompait. Le médecin donna de nouveau pronostics, de nouveaux malheurs. Ses terminaisons nerveuses étaient totalement détruites. Elle ne ressentirait plus jamais la douleur, le toucher, les caresses. Pire. Encore pire. Son sang avait changé. Le docteur ne comprenait pas ce qui avait put créer un tel changement, mais changement il y avait. Il coagulait avant même d’avoir un quelconque contact avec l’oxygène. Ce qui en gros, faisait qu’elle ne perdait pas de sang malgré de blessures graves. Insensible et ne pouvant saigner, la colère d’être un monstre ne faisait que s’aggraver d’heure en heure.

-Il y a autre chose, se risqua le médecin.
Allison se tourna vers lui, le regard emplit de haine. Que pouvait-il y avoir d’autre! Déjà qu’elle était un monstre défiguré, qui ne connaitrait probablement plus jamais l’affection de quiconque. Même sa famille la regardait avec peur et dégouts, bien qu’ils tentaient de le cacher.
-QUOI, grogna-t-elle de sa voix désormais très masculine.
Le médecin hésita un bref instant.
-Lors de votre accident, vos vêtements ont littéralement fondu. Votre veste pare-balle…elle… elle à subit le même sort, mais, comment dire… elle c’est mêlée à votre peau, intégrant ainsi votre corps.
Allison demeura silencieuse. Elle baissa la tête en direction de son torse. De sa main droite, elle frappa sa poitrine. Elle ne ressentit nullement le coup, mais un bruit sourd de métal retentit. Allison laissa sa tête retombé sur son oreiller, le moral à zéro.
-Je suis un putain de monstre…murmura-t-elle.

A suivre...



29/07/2010
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